Formation public Jeunes

Pour un formateur habitué au monde de l’entreprise, qui se retrouverait projeté dans une autre dimension, celle des jeunes (tout public), il n’est pas facile de s’y retrouver : face à des salles de formation surchargées, comment faire pour éviter de s’y perdre, surtout quand on n’a pas le profil d’un vrai prof.  Pour m’être retrouvée moi-même à gérer  5 « classes » différentes en bureautique, sur une période de 8 mois, en alternance une semaine sur deux ou trois, je peux vous dire que le premier piège à ne pas tomber est celui de la fameuse et indispensable feuille de présence :

La nécessité de faire l’appel.

Je ne voulais pas me retrouver dans l’ambiance scolaire, pourtant… Il est indispensable de faire l’appel en début de matinée et en début d’après-midi et de pointer sur la feuille de présence. Surtout, ne pas faire signer en début de matinée et en début d’après-midi juste derrière l’appel. Vous pouvez être certains que quelques petits malins partiront à la pause de 10 h ou de 15 h ou même pire : dans la demi-heure qui suit le début du cours : si vous rencontrez le moindre souci technique avec un vidéo projecteur, le temps de vous absenter (même 5 minutes) pour procéder à un échange, vous en aurez un ou deux qui auront filé « à l’anglaise ».

Donc vous faites l’appel, vous cachez la feuille de présence, vous la ressortez juste avant midi pour faire signer la matinée. Idem pour l’après-midi, signatures vers 16 h 30. Ainsi, il est impossible qu’entre l’appel et la signature, un de vos jeunes stagiaires ose prendre le risque de partir. Vous évitez aussi la signature du gentil copain qui signe pour l’autre. Vous ne rêvez pas, c’est réellement arrivé et pas qu’une fois.

Quand vous vous retrouvez face à un public jeune, inutile de vous dire qu’ils se comporteront forcément en adultes responsables, surtout à Bac plus 3 comme j’en ai eu. Je vous conseille donc fortement de partir dans un autre état d’esprit, vous vous éviterez bien des déboires.

Bien entendu, vous aurez le droit à la page Facebook réduite en bas de l’écran si ce n’est carrément le contraire : l’affichage provocateur de la page en question bien visible, sous-entendant que vos cours bureautiques, ils en n’ont rien à faire. Si on vous a demandé de les noter, brandir « la carotte de la note en fin de journée » est très efficace. La page Facebook disparaîtra comme par enchantement. Si vous n’avez pas à les noter, ne pas vous gêner de faire remarquer haut et fort votre mécontentement : qui ne dit rien consent. Cependant, ne vous étonnez pas qu’ils recommencent dans les 20 minutes qui suivent. Surtout, ne pas sombrer dans la déprime. Tenez bon… Redites votre mécontentement, quitte à passer pour une enquiquineuse.

Surtout, ne pas oublier : la génération actuelle serait née avec un ordinateur dans les mains. C’est ce qu’on raconte mais sur place, je constate qu’ils arrivent tout juste à trouver le signe « plus petit » ou « plus grand » sur le clavier ou qu’ils en sont encore à chercher comment mettre l’accent sur le E. Quant à la frappe, je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai vu la touche ENTER (validation) actionnée juste parce qu’ils n’avaient pas compris qu’au bout de la page Word de l’écran, le retour à la ligne suivante se faisait automatiquement. Et pour ceux qui clament haut et fort : « Excel, pas de soucis, je connais », prudence : ce sont ceux qui en connaissent le moins.

Vous aurez le droit aussi, et cela un nombre incalculable de fois,  à « Madame, je n’ai pas compris, vous pouvez répéter ». Cela vous perturbera sans doute, étant donné qu’habitué à un public d’adultes, au pire, vous l’entendez deux fois. Grand passage à vide : pourquoi le public adulte comprend votre cours alors qu’un public jeune semble ne pas le comprendre ? Qu’avez-vous donc changé, fait ou ne pas fait ? Ne cherchez pas : ils n’ont pas écouté, occupé à parler avec le voisin ou concentré sur le dernier SMS reçu ou à lire la réponse reçue sur Facebook.  Vous faire répéter pour eux n’est pas un jeu, car c’est tout naturellement qu’ils le font, ils ont perdu le sens du savoir-vivre en collectivité et ne se rendent même pas compte qu’ils perturbent ceux qui écoutent. Que faire ? Répéter ou dire sèchement : « Vous n’aviez qu’à suivre » ?

Le mieux est de bien repérer ceux qui le font : ce sont toujours les mêmes. Répéter une première fois quand ils le demandent, c’est déjà bien. Répéter une deuxième fois quand ils réitèrent, c’est déjà limite. A la troisième, vous leur faites savoir clairement que ce sont toujours eux qui ne suivent pas et qu’ils dérangent les autres qui perdent leurs temps à réécouter vos explications.  Si vous ne le faites pas, ils continueront jusqu’au bout à le faire, vous finirez totalement exaspéré et dépassé de ne pas avoir su gérer dès le départ.

Enfin, ne pas tolérer plus d’un quart d’heure de retard sans exiger d’explications. Vous n’êtes pas prof, certes. Mais si vous laissez faire, le quart d’heure finira en demi-heure de retard et de façon systématique. Là encore, ce sont toujours les mêmes qui arrivent en retard. Ne répétez pas, résumez en une phrase où vous en êtes et faites silence jusqu’à ce que le retardataire s’installe, croyez-bien que ce silence le gênera, il sentira votre regard le suivre et insistez bien : « ouvrez vite Excel, un classeur vierge (ou tel fichier) afin que nous puissions poursuivre » (bien utiliser le NOUS).

En résumé, si vous ne voulez pas vous laisser complètement submergé, coulé, noyé, suivez ces petits conseils. Le prochain article consistera à savoir comment gérer plusieurs classes quand vous les avez en alternance pour ne pas perdre le fil de votre cours. Rien de pire si vous répétez, vous serez discrédité et en plus, pris pour un gâteux…